Le Mont citoyen

Démocratie – Solidarité – Écologie

Merci Alain, merci la Bléch…

Après s’en être pris aux écrans publicitaires dans les stations de métro en mars dernier, Philippe Somsky et Daniel Curnier, tous deux élus de l’agglomération lausannoise et jeunes papas, ont réalisé une action devant l’aéroport de la Blécherette pour dénoncer l’impact de l’aviation privée sur le réchauffement planétaire.

Accompagnés de poupées grimées représentant les enfants et les générations futures, ils se sont postés devant l’aéroport munis de pancartes sur lesquelles étaient inscrites « Merci Alain pour les canicules » et « Merci la Bléch’ pour la saison sèche ».

Organisée à la sortie d’un été particulièrement chaud et sec, marqué par des canicules à répétition en Suisse et de nombreux feux de forêt à travers l’Europe, leur action réagit également à l’information selon laquelle le Conseiller fédéral Alain Berset a été contraint d’atterrir par l’armée française le 5 juillet lors d’un vol de plaisance. Si l’incident semble relever d’une erreur des autorités françaises, cet événement a néanmoins rendu public un loisir peu recommandable puisque consommateur d’énergie d’origine fossile par une personnalité politique dont on peut questionner l’exemplarité, d’autant plus que Monsieur Berset appartient à un parti qui se veut être un moteur de la réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle fédérale.

Au-delà du cas isolé de Monsieur Berset, c’est bien l’ensemble des activités d’aviation et d’héliportage privés qui posent problème, alors que cet été caniculaire n’est que la mise en bouche des bouleversements climatiques qui nous attendent ces prochaines années. Qu’il s’agisse de vols de plaisance, de vols d’affaire, de vols touristiques ou de déplacements privés, brûler des combustibles fossiles dans des hélicoptères et des avions de petite taille est incompatible avec les efforts attendus de l’ensemble de la population pour lutter contre le réchauffement planétaire. En effet, un déplacement en avion privé émet environ 5 fois plus de dioxyde de carbone qu’un vol dans un gros porteur et une heure en hélicoptère consomme quelque 200 litres de kérosène.

Si les émissions imputables à l’aéroport de la Blécherette sont nettement inférieures à celles du transport routier ou du chauffage des bâtiments à l’échelle du Canton ou même de l’agglomération lausannoise, dont les habitants subissent également les nuisances sonores et atmosphériques, ces vols répondent à des besoins loin d’être essentiels, en particulier en ce qui concerne les vols de loisirs. On ne parle pas ici de se nourrir, de se chauffer ou de se déplacer pour aller travailler. De plus, nombre de ces vols sont effectués par des individus résidant loin des environs directs de l’aéroport et dont les modes de vie sont fortement consommateurs d’énergie par ailleurs.

Pour Philippe Somsky et Daniel Curnier, à l’heure des canicules à répétition et alors que menacent les pénuries énergétiques, ce sont bien les consommations d’énergie fortement émettrices de gaz à effet de serre auxquelles il s’agit de mettre fin en premier lieu, surtout si elles ne bénéficient qu’à une infime partie de la population tout en nuisant à toutes et tous.

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